La diffamation est un mal qui sévit depuis toujours, mais la montée en puissance des réseaux sociaux a déclenché une vague sans précédent d’accusations infondées et malveillantes, affectant particulièrement la communauté marocaine et maghrébine au Québec. Le phénomène a pris une telle ampleur qu’il est devenu monnaie courante devant la Cour Supérieure du Québec, qui traite désormais des dizaines de dossiers de diffamation impliquant des membres de ces communautés.
Une affaire récente, jugée par l’Honorable Lukasz Granosik, J.C.S., le 12 juillet 2023, met en lumière ce fléau. Adil Said Lamtiri, un avocat respecté, a été contraint de se tourner vers les tribunaux pour obtenir réparation après avoir été la cible d’attaques diffamatoires sur diverses plateformes de médias sociaux, notamment Facebook, YouTube et TikTok.
L’auteur présumé de ces attaques, Hicham Jerando, a été ordonné par le tribunal de retirer toutes les publications offensantes et d’arrêter de diffuser tout propos diffamatoire lié à Lamtiri. L’injonction provisoire est valable jusqu’au 12 janvier 2024 et sera appliquée malgré un éventuel appel.
Cette affaire est l’une des nombreuses manifestations d’un phénomène alarmant qui a pris de l’ampleur depuis le début de la pandémie de COVID-19. Sous le couvert de la lutte contre la corruption au Maroc, de nombreux individus se sont autoproclamés défenseurs de la justice et ont utilisé les réseaux sociaux pour lancer des accusations non fondées contre des membres de la communauté marocaine et maghrébine au Québec. Ces accusations visent non seulement des particuliers, mais aussi des responsables politiques, des forces de sécurité, des juges, des ministres et même le Roi du Maroc.
Cependant, ces accusations, souvent dénuées de preuves, reposent principalement sur des ouï-dire et des spéculations. Des individus sans formation juridique ou journalistique adéquate, motivés par diverses raisons, se sont empressés de diffuser de fausses informations et de propager des rumeurs, créant ainsi une atmosphère de suspicion et de méfiance au sein de la communauté.
Cette tendance alarmante soulève de sérieuses questions sur l’éthique des médias sociaux et la nécessité de mesures plus strictes pour protéger les individus contre la diffamation. Alors que les tribunaux québécois travaillent d’arrache-pied pour résoudre ces affaires, il est clair que la solution à long terme doit impliquer une responsabilisation accrue sur les plateformes de médias sociaux et une éducation à la littératie numérique.
En fin de compte, il est crucial que les membres de la communauté marocaine et maghrébine au Québec, et en fait tous les utilisateurs de médias sociaux, comprennent l’importance de vérifier les informations avant de les partager, et respectent les principes fondamentaux de l’honnêteté, de la respectabilité et de l’intégrité. Seulement alors nous pourrons espérer endiguer ce flot incessant de diffamation et de désinformation qui menace d’éroder le tissu social de notre communauté.
Source : Dossier numéro : 500-17-125595-234